lundi 6 juillet 2015

Le mandala de Sherlock Holmes / Jamyang NORBU

Le mandala de Sherlock Holmes / Jamyang NORBU

Roman traduit de l’anglais (Inde) par Marielle MorinEditions Piquier poche




Le mandala de Sherlock Holmes, un mélange entre Sherlock Holmes, Indiana Jones et Tintin au Tibet.


Le mandala de Sherlock Holmes et Kim, sous le regard bienveillant du grand détective



Cet article est le premier d’une série qui va concerner un sujet auquel je tiens beaucoup et qui s’étendra certainement sur plusieurs critiques : Sherlock Holmes.
Je vous arrête tout de suite, je n’ai pas l’intention de m’attaquer ici aux oeuvres de Sir Arthur Conan Doyle. Déjà ce serai bien trop long, et cela a déjà été fait et refait par des personnes plus qualifiées que moi. Si le sujet vous intéresse, j’aii une petite bibliographie pour vous, mais ce n’est pas le sujet de cet article. Je vais plutôt m’intéresser aux oeuvres hors du canon holmesien, les pastiches et les adaptations (j’ai un jour assisté à une conférence de Xavier Mauméjean sur le sujet, et laissez-moi dire que le sujet est immensément vaste).
La liste est longue, tant le célèbre détective a inspiré romans, films, séries télévisées, jeux… Il y aurait beaucoup, énormément !, à dire, alors je vais y aller petit à petit.


Commençons donc par ma dernière lecture du genre en date, Le mandala de Sherlock Holmes, dégoté pour moi par ma chère mère lors d’un passage chez Gibert Joseph.
Le roman se présente, comme beaucoup d’autres, comme un véritable manuscrit, augmenté d’une introduction narrant comment l’auteur est arrivé à l’avoir entre les mains (tout en se permettant une petite pique sur les nombreux manuscrits inédits du docteur Watson découverts et publiés depuis la fin de la parution des aventures de Sherlock Holmes par Conan Doyle, pour mieux mettre en valeur la véracité de ce récit par rapport à tous ces faux).
Il n’y a pas vraiment besoin d’être un holmésien passionné pour lire Le mandala de Sherlock Holmes, et le roman donne les quelques informations nécessaires. Il y a juste à savoir que Sherlock Holmes, détective privé de génie, a combattu son ennemi principal, le professeur Moriarty, aux chutes de Reichenbach où les deux hommes ont disparu. Holmes est ensuite réapparu, bien en vie, deux ans plus tard sans jamais expliquer en détail à son fidèle camarade et narrateur de ses aventures, le docteur Watson, ce qu’il a fait durant ce temps-là. Le mandala de Sherlock Holmes apporte quelques lumières sur cette ellipse durant laquelle on sait simplement que le détective s’est rendu au Tibet.
Le récit est donc de la main de Hurree Chunder Mookerjee qui endosse le rôle du docteur Watson en tant que compagnon observateur qui relate ensuite avec admiration l’aventure du détective. Si ce nom vous parle, c’est parce qu’il s’agit d’un personnage issu du roman Kim de Rudyard Kipling (que je n’avais pas lu, ce n’est donc pas indispensable pour la compréhension). Je dois avouer que je me suis dépêché d’acheter Kim tant les allusions dans Le mandala m’avaient rendu curieuse, et je ne regrette pas mon achat. N’ayant pas encore eu l’occasion de lire du Kipling, j’ai complètement adhéré à Kim, malgré les avis divers sur le roman. Le sujet a déjà été débattu en long, en large et en travers, alors je ne vais pas m’étendre davantage sur Kim.
Revenons-en au roman. On y découvre le voyage de Sherlock Holmes en Inde puis au Tibet. Il ne s’agit pas ici d’une enquête comme c’est le cas dans le canon, et bien qu’il y ait meurtre rapidement, ce n’est pas le centre du roman. La première partie est un peu lente jusqu’à ce que nos protagonistes prennent enfin le chemin de Lhassa où ils se retrouvent au milieu des intrigues menaçant le jeune dalaï lama. C’est assez rafraîchissant de retrouver Sherlock Holmes dans un autre environnement que le Londres victorien traditionnel (que j’apprécie particulièrement, ne vous y trompez pas), d’autant plus que je suis assez étrangère à l’histoire de l’Inde et du Tibet. L’auteur, Jamyang Norbu, connaît son sujet et constelle le récit de vocabulaire spécifique en hindi et en tibétain, qui donne un ton authentique mais rend l’utilisation du glossaire à la fin du roman indispensable. Je conseille aussi de garder Wikipédia ouvert dans un coin si, comme moi, vous n’êtes pas très au fait de l’histoire du Tibet ou de la religion bouddhiste (non, Les vacances de Jésus et Bouddha n’est pas une source suffisante d’informations…).


Au final, Le mandala de Sherlock Holmes est une lecture agréable, même si la fin m’a laissée un goût un peu mitigé. La résolution des enquêtes de Sherlock Holmes se concluent toujours par des déduction logiques, mais ce n’est pas vraiment le cas ici. Il faut dire que j’ai abordé le roman en attendant une énième nouvelle enquête, et cela a pu fausser mon jugement car ce n’est pas l’idée ici. Il s’agit plus d’une aventure que d’une enquête, avec des péripéties et un dénouement surprenant.


Les + :
  • Sherlock Holmes (je suis partiale dès qu’on touche au détective)
  • l’ambiance bien rendue
  • l’attention portée aux détails
  • l’absence de romance superflue (mais cela aurait pu être intéressant qu’il y en ait, considérant l’absence flagrante de personnages féminins…)


Les - :
  • pas un seul personnage féminin (même pas cité, pas une allusion, rien de rien ! Je veux bien que l’intrigue tourne autour de deux personnages littéraires  masculins déjà existants, de la civilisation tibétaine et de la religion bouddhiste qui ne laisse pas une grande place aux femmes, mais tout de même ! 50 points de moins pour Griffondor !)
  • la difficulté avec laquelle le lecteur doit accepter certains éléments à la fin du roman (que je ne vais pas spoiler mais qui relèvent du surnaturel, quoi que ce ne soit pas présenté ainsi)
  • le léger goût de “syndrome du sauveur blanc”

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